• Le métro est certainement aussi plein que ma tête, où alors est-ce l'inverse. N'empêche que les portes sont ouvertes, béantes, devant moi, et qu'il faut bien que je me décide à entrer. Une bouche monstrueuse, colossale, chaleureuse. C'est tentant. Je me glisse avant que les portes se referment. Ici, c'est rempli de chaleur humaine, c'est magnifique. Je me faufile derrière deux types bien trop grands pour être réels, presque factices, et une charmante demoiselle adossée contre la paroi métallique du wagon, dans ses pensées. Je lui partagerais volontiers un peu de cette chaleur humaine. Mais voilà, le métro se met en marche et je n'ai bien sûr pas songé à m'accrocher à autre chose que mon imagination, et j'entends déjà les grommellements des pauvres gens que je bouscule derrière moi. Je me confond en excuse, ou peut-être pas. Je suis content parce que je remarque que la jeune demoiselle me regarde en souriant, mais déjà je sens mes joues rougir et je disparais, dans les profondeurs du sol. Il faut que je me trouve une contenance, alors je me mets à fixer le plafond, l'air gentil. Les autres doivent certainement me prendre pour un idiot, mais tant pis, je descend à la prochaine station.


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  • Ce matin du 25 septembre, Monsieur H, âge mûr, naît dans sa petite chambre, 17 rue Honoré.

    Monsieur H. aime les œufs fatigués, le matin, quand le café est encore tiède, surtout en lisant le journal de la veille. Ses yeux sont encore un peu brouillés, les lettres se dissolvent et se transforment. Et le voilà au milieu d'un article dans les dernières pages du quotidien, vantant les délices de ses petites recettes. Les recettes de monsieur H. Mais voilà, monsieur ne sait pas cuisiner. Il préfère sourire. Et puis, au fond, il est un peu trop vieux pour ces poussées d'ambition du matin. Par contre, ses géraniums sont tout à fait corrects.

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    Lorsqu'il n'oublie pas ses lunettes à la maison, monsieur H. lit le journal à Madame F. qui habite deux immeuble plus loin. Le cas échéant, il prend un malin plaisir à broder un peu au fil de son inspiration et selon les gros titres. Pendant ce temps là, Madame F, heureuse, invente un collier de perle à sa petite fille Jeannette.


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  • Il y a cette fille là, assise à regarder son verre, et moi, justement. Bordel je me suis encore mis dans une situation pas possible. Je n'ai pas su répondre à sa remarque piquante. J'aurais du me défendre. Mais je ne suis parvenu qu'à sortir un grebelele de ma bouche. D'un mouvement lent et réfléchit, je lève mes mains pour ajuster mon col. Et je remarque que je n'ai pas mis mon polo fétiche et que, par conséquent, je n'ai point de col à ajuster. C'est terrible.

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    J'ai la migraine. Un peu. J'ai envie d'aller aux toilettes pour m'oublier quelques instants. Mais voilà, la fille se trouve entre moi et les toilettes, et je ne peux décemment pas emprunter ce chemin et prendre le risque de recevoir une nouvelle insanité de la part de cette imprudente, qui est précisément la cause de ma migraine, et certainement de la pauvreté dans le monde, et certainement aussi de l'affreux tableau qui gît sur le mur en face de moi.

    J'aimerais qu'elle ne soit pas là. Je me dis aussi que, finalement, si elle n'était pas là, et sa remarque piquante non plus, je n'aurais certainement pas cette migraine. C'est un paradoxe et je hais les complications. Ça me confirme quelques peu dans ma migraine. J'entre dehors. La pluie caresse les lunettes de soleil de Franco, qui a choisit cette belle matinée ensoleillée pour monter ses Giovanni. 

    Ça y est, il m'a repéré. Je me dandine un peu pour détourner l'attention. Il ne doit pas remarquer que j'ai mis le vieux T-shirt que Lola m'avait offert pour mes 20ans, la semaine dernière. Je me fais vieux. Donc, je détourne son attention avec une démarche fraîche et onctueuse, comme les crèmes de tante Augustina.

    Il me tend une cigarette de son paquet écrasé de parisiennes. J'en prend une en le regardant dans les yeux. J'ai ainsi l'impression de détourner encore son regard, pour voler furtivement une cigarette malencontreusement laissée à portée.

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    Je me vois désolé de m'emporter. Je fais l'inventaire de ce que j'ai bu : non, décidément, rien de bien méchant, si ce n'est un thé à la menthe curieusement opaque de la dite tente Augustin. Je veux dire de la tente efféminée qui se prénomme Augustin et qui m'a abordé ce soir pour m'offrir un verre.

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    Je me dis que si je ne me sens pas libre maintenant, quand le serais-je ? Je veux dire que, je suis bien conscient que je perds consistance au fil de la soirée, que Mona n'est désormais plus qu'un vague souvenir conjugué à la troisième personne, que j'ai déjà fais la cour à sa sœur Gina, et que je compte bien recevoir le râteau par courrier d'ici quelques instants privilégiés.

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    Bon Dieu, j'ai vraiment besoin d'une bonne parenthèse : (il est à noter que mes idées parfois filent aussi vite qu'elle viennent, et que par conséquent je dois écrire rapidement et que, par conséquent, j'ai de la peine à me relire et, conséquemment, parfois, tout cela me donne un peu mal à la tête).


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    C'était il y a quelques jours. Je rentrais un peu blasé d'une soirée ratée à Munich. On venait de se faire rejeter d'une boîte par un videur antipathique et il ne nous restait plus un sous en poche, à cause d'un serrurier au visage malhonnête qui nous a fait payer deux minutes de travail 100 euro.

    <u1:p></u1:p>J'avais abandonné mes amis pour ménager mon foie. Je souhaitais également me poser tranquillement pour écrire en écoutant quelques chansons des cow-boys fringants (il faut dire que mes collègues n'étaient pas tous fans loin s'en faut). C'était la première fois que je me baladais seul et totalement sobre dans le centre et j'ai tourné plusieurs fois en rond pour trouver le bon tramway. Je tamponne mon ticket que j'ai arraché avec mes derniers kopecks et je m'installe. Quelques secondes plus tard, une bavaroise s'installe en face de moi. Comme de nombreuses femmes en cette période de l'Oktoberfest, elle est vêtue de l'habit traditionnel. Je la remarque est découvre son visage finement découpé. Elle doit avoir la trentaine, je la trouve très belle. Mais je ne peux plus contempler cette femme, mes yeux se sont arrachés et sont descendus vers le bas de son corps, vers ses mains. Ses mains sont fines et gracieuses. Ce ne sont plus des outils, mais des œuvres d'art, dans le prolongement de son poignet, ses longs doigts sont à chacun morceau de velours. Ces mains là, j'aurais pu les caresser toute ma vie durant.



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    Les fixer me rassure, m'ancre dans ce qu'il reste de stable dans ma réalité de cette journée. Elle tient une conversation téléphonique, sans doute avec son ami. Sa voix douce me parvient aux oreilles mais je ne cherche pas à comprendre. Ses mains m'en empêchent. Malgré tout, j'arrive à sentir son allemand, magnifique. Je me rend compte pour la première fois de ma vie de la beauté de cette langue : quelle recherche dans les sons, quel travail... je me sens quelque peu barbare avec mon français.


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    <u1:p></u1:p><u1:p></u1:p>Les maisons, les immeubles défilent, les gens sortent et entrent, quelques vieux et jeunes fêtards, d'autres perdu dans leurs pensées. Goethe Institut, c'est là que je descends. Elle aussi, mais elle part dans une direction opposée. A l'heure où j'écris ces mots, j'ai oublié son visage, mais je n'oublierai jamais ses mains.



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    <u1:p></u1:p><o:p> </o:p>



    Pathétique



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  • Voilà la raison de mon absence pour les 5 prochains jours...

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